Radio Libertaire (non officiel)

Trous noirs

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Émission du 27 juin 2022

Tranches de vie : Bernard Laponche

Au début des années 60, le polytechnicien Bernard Laponche entre au Commissariat à l’énergie atomique et participe aux calculs des premiers réacteurs du modèle français, dont le rôle est de fournir du plutonium pour la fabrication de bombes atomiques : « J’étais pro-nucléaire par profession ».

En Mai 68, le centre de recherche de 8000 personnes est autogéré : conseils élus par unité se coordonnent dans un « comité d’action » dont il est le secrétaire. Il anime des assemblées générales hebdomadaires de plus de 500 personnes : « C’est de là que part mon initiation à la politique et le rôle militant dans mes activités au sein du syndicat C.F.D.T. du C.E.A. ». Il participe aux débuts du mouvement antinucléaire en France et s’oppose au Plan de mars 1974, qui lance la fabrication accélérée de nouveaux réacteurs de conception américaine. Il quitte le C.E.A. et s’investit dans le syndicalisme, alertant sur les dangers du nucléaire et la nécessité d’alternatives énergétiques.

Le succès d’une pétition nationale en 1979 contre le programme nucléaire du gouvernement donne un espoir de changement d’orientation, d’autant plus qu’il est signé par la C.F.D.T., le P.S.U., le P.S. Mitterrand en intègre une partie dans ses 100 propositions pour l’élection de 1981 ; mais « en trois mois tous ses engagements sur le nucléaire avaient disparu » et le premier ministre prononçait un « fantastique discours pronucléaire » à l’Assemblée nationale. Sa conviction, qui ne fera que se renforcer, est que « le nucléaire est une question de pouvoir. L’État est miné de l’intérieur, une alliance de la haute administration et des dirigeants des grands organismes (C.E.A., E.D.F., Areva…) » « Le nucléaire est assimilé à La Marseillaise et au drapeau tricolore, on n’en discute pas ».

Partisan d’« une science soumise au contrôle citoyen », il participe activement à diverses associations telles Global Chance, Les Amis d’Enercoop, Énergie partagée. « Bernard est devenu fou » disaient ses anciens collègues du C.E.A.