Michaël Ferrier, Une enfance tchadienne

J’ai eu une enfance de sable et de poussière. La vie nous avait posé là, sans crier gare, entre la savane et la steppe, un territoire pluriel à l’interface du Sahara et du Sahel peuplé d’hommes venus de nulle part et s’en allant ailleurs, ces mots du livre Scrabble. Une enfance tchadienne de notre invité Michaël Ferrier situent géographiquement une période de dix à douze ans qui n’a rien à voir avec cette ère des écrans qui appauvrissent la connaissance : J’ai appris en Afrique et ailleurs à comparer, les animaux, les langues, les lois. Cela permet d’entrer dans la nuance et la complexité, dans l’infinie diversité du monde, à sortir des grands axes, des routes bien tracées, de l’habitude, faire l’expérience de sa liberté pour connaître N’Djamena, mais aussi pour accompagner sa vie. Mais il y est aussi confronté à des événements tragiques, lui apprenant que l’être humain est complexe, que la misère règne, que la colère gronde, que la vie est fragile. Son enfance se termine en constatant la honte devant l’ignorance ou la veulerie des opinions publiques, des guerres qu’on mène partout en leur nom, le commerce des armes et celui des votes, tous les petits arrangements entre les dictatures et les démocrates qui durent depuis si longtemps en Afrique, entre les ressources minières et les placements financiers.

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