Radio Libertaire (non officiel)

Trous noirs

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Émission du 13 juin 2022

Tranches de vie : Annie Thébaud-Mony

Annie Thébaud-Mony est sociologue de la santé et du travail à l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale). Nous l’avons reçue en début d’année pour son dernier livre Politiques assassines et lutte pour la santé au travail, dans lequel elle parle de sa longue expérience dans le soutien aux travailleurs des secteurs du nucléaire, de l’amiante, de la chimie…

En 1968, une première enquête au Brésil sur l’éducation de base dans les favelas la sensibilise aux transformations de la société brésilienne. Puis un séjour de 3 ans au Sénégal lui permet de préparer une thèse de 3ème cycle : Étrangers à la France, étrangers à l’Afrique ; les adolescents français au Sénégal. Une enquête d’une vingtaine de mois en Algérie l’oriente ensuite vers les inégalités en matière de soins et de santé, particulièrement pour les maladies respiratoires et la tuberculose. Elle perfectionne ses connaissances en ce domaine en résidant 3 ans à New York, où elle participe à un réseau international de médecins, chercheurs, sociologues… et prépare une thèse d’État Besoins de santé et politique de santé, où elle compare la situation des pays du Nord et du Sud en ce domaine.

C’est en 1980 qu’elle décide de mettre un terme à « douze ans de nomadisme », tout en continuant divers voyages. Cherchant une activité dans la recherche « ayant une utilité sociale », elle rentre à l’Inserm dans le secteur des maladies liées au travail, rejoint le collectif « Risque et maladies professionnelles » animé par Henri Pézerat. Elle souhaite « connaître le travail pour le transformer » et soutient divers groupes de travailleurs : Nos recherches scientifiques devraient pouvoir servir de support à l’action contre les atteintes à la santé dans l’activité de travail, dans un contexte environnemental dominé par les risques industriels. Elle participe à la création de deux « Groupements d’intérêt scientifique sur les cancers d’origine professionnelle ».

Toutes ces « tranches de vie » lui ont permis de rencontrer et aider de nombreux travailleurs, rapportant chaque fois « les histoires individuelles à une histoire collective », car pour elle, il est nécessaire de transformer les rapports de pouvoir à l’intérieur du travail et de la société.