Radio Libertaire (non officiel)

Sciences en liberté

pour déménager la biologie

Émission du 11 octobre 2021

Le retard de l’ornithorynque

Il était drôlement en retard. Ce n’est pas un gros lapin blanc que Alice aurait dû suivre dans le monde merveilleux. L’ornithorynque est bien davantage en retard. En retard sur les autres animaux, en retard d’être reconnu. Voilà bien un animal diachronique, venu de temps immémoriaux et cependant découvert si tardivement. On ne l’a reconnu qu’à l’aube du XIXème et il a fallu créer un groupe zoologique spécial pour sa classification. Un animal bizarre et armé qui se réfugie à toute vitesse dans un terrier aquatique. Un ancêtre aussi des premiers mammifères qui fut même un contemporain des grands dinosaures. Un bec aplati aussi. Devant le montage anarchique de son corps, constitue-t-il une erreur de la nature ou un prédateur terriblement sophistiqué ? Chacun hésite encore. En fait, l’animal montre tant de comportements et d’attributs uniques qu’il bouleverse l’idée d’une longue évolution continue et graduelle. L’ornithorynque est en retard sur tout le monde. Il a perdu ses dents mammaliennes, acquis un bec plat, chasse les yeux fermés, émet de l’électricité, injecte du poison, pond des œufs et émet de la lumière dans le noir. Quant à l’étendue de son génome, il possède cinq paires de chromosomes sexuels, alors que les mammifères ou les oiseaux n’en possèdent qu’une. Mais pourquoi l’évolution a-t-elle conservé un animal aussi étrange et aussi ancien ? En suivant chacune des particularités de cet étrange mammifère dont la bizarrerie est somme toute si familière aujourd’hui, nous allons ouvrir des pages incroyables de la biologie.