Radio Libertaire (non officiel)

Orage mécanique

comment la musique épouse l’image

Dernière émission (9 juillet 2025)

Le Rire et le couteau
Film de Pedro Pinho (9 juillet 2025)
Entretien avec Pedro Pinho
Après l’Usine de rien, film présenté en 2017 et ayant obtenu de nombreux prix à l’international, Pedro Pinho réalise Le Rire et le couteau, en compétition au dernier festival de Cannes dans la sélection Un certain regard. Le film est très fort, très dense et aborde avec intensité plusieurs thématiques chères à Pedro Pinho, tant politiques que sociales… Le film met en scène un ingénieur environnemental, Sergio, qui traverse une partie de l’Afrique de l’Ouest en voiture pour travailler en Guinée Bissau sur le projet de construction d’une route entre le désert et la forêt.

Peacock
Film de Bernhard Wenger (au cinéma depuis le 18 juin 2025)
Si aujourd’hui, il est de plus en plus difficile de discerner le vrai du faux dans une société du paraître, en particulier dans les sociétés occidentales — mais pas seulement en Occident —, le film de Bernhard Wenger en fait une étonnante illustration en s’intéressant au phénomène des agences de location d’ami.es… Mais oui d’ami.es dans tous les domaines : pour trouver un appartement, faire impression en société, à l’école, dans des réunions, au travail, pour briguer la présidence d’une association… Évidemment, dans tous les rôles que Matthias, notre homme caméléon, endosse pour son agence My Companion, il excelle autant pour briller en société, faire des discours érudits sur l’art, entrer dans le rôle du fils parfait, coacher une dame timide, ou encore discourir sur les courants musicaux après un concert en compagnie d’une dame impressionnée par sa prestation…

Des feux dans la plaine
Film de Zhang Ji (16 juillet 2025)
Chine, 1997. Une série d’homicides de chauffeurs de taxi agite la ville de Fentun, sans que la police ne cerne aucune piste pour arrêter l’assassin en série. Le meurtrier procède toujours de la même manière, l’inconnu monte dans un taxi, donne sa destination, toujours la même, et le chauffeur étranglé est découvert carbonisé dans sa voiture incendiée. La police craint des manifestations, déjà des chauffeurs de taxi campent devant le commissariat. Et parmi la population, la tension monte d’autant que les usines de la ville ferment les unes après les autres, abandonnant les ouvriers à leur sort.
La désindustrialisation de la région, ancien fleuron du développement économique, accroît les inégalités sociales et la différence entre les territoires. Puis les crimes s’arrêtent mystérieusement sans que les autorités aient pu élucider l’affaire. Huit ans plus tard, un jeune policier, proche de la dernière victime, décide de rouvrir l’enquête.

Kouté Vwa
Film de Maxime Jean‐Baptiste (16 juillet 2025)
Melrick a 13 ans et passe ses vacances d’été chez sa grand‐mère, Nicole, à Cayenne. Son arrivée fait soudain resurgir le spectre de son oncle, ancien tambouyé tué dans des conditions tragiques, auquel il ressemble selon ses proches. Melrick est en quelque sorte le lien entre la Guyane et la métropole, de même que la découverte d’une réalité sans rien qui puisse évoquer une forme quelconque d’exotisme.
Dans ce film, il est question d’oralité, au centre du récit, des récits, puisque les paroles sont diverses, et il y a la musique, le langage des sons, les paroles donc l’écoute est essentielle, la traduction de Kouté vwa n’est‐elle pas « Écoute les voix ». Le rapport au son et à la musique est central dans le film, le tambour joué ensemble, c’est d’ailleurs la première image qui vient à l’esprit en songeant à Lucas, de même Melrick arrivant chez sa grand‐mère désire être initié au tambour et se fondre dans le groupe. Il répète d’abord, puis deux séquences plus tard, il est intégré au groupe. Le tambour représente Lucas et, pour Melrick, pénétrer le rythme et la culture de son pays. C’est aussi une manière de transmission intergénérationnelle.

Gangs of Taïwan
Film de Keff (30 juillet 2025)
Zhong‐Han est un jeune homme mutique d’une vingtaine d’années vivant Tapei. Il travaille dans un restaurant familial le jour et la nuit il fait partie d’une bande qui rackette des commerçants pour des remboursements d’emprunts à des mafias locales. Le chef de la bande, dont il est proche, se met en tête de rançonner des personnes riches histoire de jouer les « robins de bois » et se venger du mépris dont cette jeunesse souffre, ce qui semble séduire Zhong‐Han. Le jeune homme vient d’un village et symbolise une jeunesse, non seulement affectée par les inégalités sociales, les humiliations, mais également par l’absence de futur. il habite chez le couple qui l’emploie et le considère un peu comme le fils de la maison, et lorsque l’endroit est vendu à un homme d’affaires, qui propose une somme d’argent au couple de restaurateurs pour devancer la fin du bail et récupérer le lieu à des fins de gentrification, il ressent la même frustration. Devant le refus de la transaction, l’homme d’affaires engage le chef du gang, à l’insu Zhong‐Han, pour tout casser.
Dans Gangs of Taïwan, Keff « dresse un portrait de la jeunesse taïwanaise, incarné par un héros mutique qui évolue dans un univers où règnent la violence et le désespoir. » Le parcours de Zhong‐Han est emblématique de cette jeunesse perdue, rejetée…